Traversant la place, Ianto entendit la sonnerie du message. Il le lut puis sourit. Il s’arrêta à la pizzeria et commanda une Chef. Pendant qu’il patientait, il vit Owen et Tosh quitter l’office. Le jour tombait sur la place et les lumières s’étaient allumées. Ayant récupéré sa commande, Ianto rentra chez lui.
En arrivant, il quitta sa veste et mit de la musique en fond. Il allait s’installer devant la télévision lorsque l’on sonna à la porte. Il regarda sa montre. Il n’y avait que quinze minutes qu’il était là, Jack avait finalement fait très vite. Il alla ouvrir la porte et se retrouva nez à nez avec le canon d’une arme. Avant qu’il ait pu réagir, l’homme lui planta une aiguille dans la poitrine et il perdit connaissance. En s’écroulant, il renversa la lampe posée sur le meuble de l’entrée. Celle-ci se brisa sur le sol.
***
Jack avait finalement accepté la démission de Gwen, mais il devait être sûr que cette fois, le Retcon remplirait son office et qu’elle ne pourrait pas se rappeler de Torchwood, de ses collègues et même de lui. Il appela donc Rhys pour qu’il vienne la chercher après qu’il lui eut donné la dose nécessaire à l’oubli de cette année pendant laquelle elle avait fait partie de l’équipe. À son réveil, elle se souviendrait de Rhys, mais son mariage devrait à nouveau être célébré, car elle l’aurait oublié.
Jack lui conseilla de l’emmener dans un endroit où elle se sentait bien et lui expliquer qu’elle avait été malade, ce qui aurait effacé certains souvenirs récents. Il lui fournit des documents médicaux que Owen avait préparés avant de partir, expliquant les symptômes et les traitements qui étaient associés à sa récente
maladie. Rhys remercia Jack et il emmena Gwen pour démarrer une nouvelle vie.
Le Capitaine avait finalement très bien encaissé cette défection. Au moins, une chose était sûre, Gwen ne serait plus un obstacle entre Ianto et lui. Un sourire aux lèvres, il se leva, prit son manteau et alla rejoindre Ianto.
En arrivant devant la porte de l’appartement, il fut surpris de voir qu’elle était ouverte. Il sortit son arme et prudemment entra. Il évita la lampe brisée et pénétra dans le salon. Il ne semblait n’y avoir personne. Il fit rapidement le tour de l’appartement. En revenant dans le salon, il vit une photo sur la table basse. Elle représentait Ianto pieds et poings liés et le visage tuméfié. Sous la photo, quelques mots étaient écrits : Reste 48 heures.
Ainsi, ses craintes étaient fondées. Cet enlèvement ne pouvait être que l’œuvre de John. Il aurait dû être plus prudent avec le jeune homme, cela faisait deux jours qu’ils ne se quittaient plus et Ianto était devenu une cible. Il appela Owen et Tosh et leur demanda de le rejoindre à l’appartement. Il fallait absolument le retrouver avant l’expiration du délai. La veille, il était au paradis, maintenant, il se retrouvait en enfer.
Lorsque ses collègues arrivèrent, il leur fit un rapide résumé de la situation. Tosh le regarda effarée. Comment cela avait-il pu se produire ? Owen, quant à lui, ne semblait pas plus ennuyé que cela. C’était peut-être le moyen idéal de montrer à Jack que Ianto n’avait pas l’étoffe d’un officier.
Ils retournèrent au Hub. Tosh rechercha sur les caméras de la ville des traces du passage de John, mais autant chercher une aiguille dans une meule de foin. Elle n’avait aucune idée de l’endroit où chercher. Il semblait qu’il n’ait pas quitté l’immeuble par l’entrée principale et aucune caméra ne montrait son entrée dans le bâtiment. À force de recherche, elle identifia des résidus d’énergie. Ainsi John avait utilisé son bracelet pour entrer et sortir sans se faire voir. Elle devait donc trouver une autre source et elle saurait où il se trouvait. Elle mit le programme en route et patienta. Au bout de quelques minutes, l’ordinateur afficha le résultat. Il semblait que John se trouvait dans l’entrepôt où Jack avait chassé le Weevil. Elle monta faire part de sa découverte à son supérieur.
Lorsqu’elle entra, le Capitaine avait les yeux perdus dans le vague, son regard était infiniment triste.
– Si il lui arrive quelque chose, ce sera de ma faute, pensa-t-il. Il me faisait confiance et je n’ai pas su le protéger. Mon Dieu, Ianto qu’ai-je fait ?– Jack, dit Tosh le sortant de ses réflexions. Je pense que je l’ai trouvé. Le point d’arrivée de l’énergie serait l’entrepôt signalé par la police avant-hier.
– Tu es sûre ?
– Oui Capitaine. Je préviens Owen ?
– Oui et prenez les armes, nous allons en avoir besoin. Il est hors de question qu’il s’en sorte cette fois. On ne s’en prend pas à mon équipe impunément.
Personne ne touche à Ianto, pensa-t-il en prenant son manteau.
Une fois dans le SUV, Jack fit un rapide résumé. Ils entreraient séparément en trois points de l’entrepôt. Il fallait absolument sortir Ianto de ce mauvais pas. Mais ils ne devaient surtout pas se faire piéger. Il y avait déjà un prisonnier, inutile de lui donner l’occasion d’en avoir d’autres.
En arrivant, il gara le véhicule à l’écart. Il savait que John pouvait surveiller les environs et pas la peine de le prévenir de leur arrivée. Ils entrèrent séparément et commencèrent les recherches. L’entrepôt était plein de caisses empilées en équilibre instable pour certaines. Prudemment, Jack s’avança, serrant son arme dans sa main. Il entendit un grognement. Lentement, il fit quelques pas, cherchant la source du bruit. Soudain, près de lui, des caisses basculèrent et il se retrouva bloqué en dessous. En essayant de se dégager, il aperçut un Weevil qui le saisit. Entendant le bruit de la chute, John s’était approché et regardait l’alien attaquer Jack. En une fraction de seconde, Jack repensa à ce que Ianto lui avait dit. Son cauchemar s’était réalisé, le Weevil venait de le tuer. L’agent du temps regarda quelques instant le corps de son ex-amant. Ainsi, puisqu’il ne pouvait pas l’avoir, personne ne l’aurait et il retourna auprès de Ianto.
Celui-ci était allongé, nu sur une paillasse, des menottes aux poignets et la chaîne attachée au mur. Il avait relevé sa jambe pour cacher sa nudité et respirait difficilement.
– Et voilà, lui dit John, nous allons pouvoir reprendre où nous en étions. De toute façon, il n’y a plus personne pour se soucier de toi. Si Jack avait compris que c’était dans son intérêt, il aurait évité de s’amuser avec toi. Mais tu vas voir, je suis plus doué que lui, tu en as déjà eu un aperçu.
– Il vous tuera, dit Ianto dans un souffle.
– Aucune chance, le Weevil s’est occupé de lui.
Ianto ferma les yeux. Son rêve venait de se réaliser, Jack était mort et c’était de sa faute. C’est pour cela qu’il s’était vu le regarder sans bouger.
John commença à passer sa main sur le corps du jeune homme, ce corps que Jack avait aimé, qu’il avait fait sien. Pourquoi tout ce gâchis ? Ianto s’était mis à trembler. L’homme allait remettre ça, encore une fois. Ses pensées se tournèrent vers Jack. Au moins, sa toute première fois, celle qu’il n’oublierait jamais, c’était au Capitaine qu’il l’avait accordée. Cela n’effaça pas sa douleur, mais l’atténua quelque peu.
– Alors Ianto, prêt pour le paradis.
– Je dirais que c’est plutôt l’enfer, répondit Ianto, essayant de cacher son angoisse. Le paradis, c’était hier.
John se mordit la lèvre, ainsi Ianto était plus attaché au Capitaine qu’il ne le pensait. Eh bien ! Ça allait lui passer. Il mit Ianto sur le dos et balada sa main sur le bas-ventre de son prisonnier, s’il voulait l’enfer, aucun problème, il allait le lui donner. Voyant que Ianto ne répondait pas à ses attouchements, il se pencha vers lui pour l’embrasser.
– Jack, souffla Ianto, les yeux brillants.
– Je crois que tu t’égares mon ami, moi, c’est John.
– Je sais, mais lui, c’est…
John se retourna en suivant le regard de Ianto. Jack était debout, ses yeux flamboyaient d’une rage contenue. Lorsque l’homme vit l’arme braquée sur lui, il attrapa rapidement Ianto pour s’en servir de bouclier.
– Mais, tu étais mort, j’ai vu le Weevil te tuer, dit-il avec de l’angoisse dans la voix.
– Mon pauvre John, si tu savais ! Je ne peux pas mourir, peu importe le nombre de fois que tu essaies, je ne peux pas mourir, martela Jack. Mais je pense que ce n’est pas ton cas !
– Je lui brise le cou si tu tentes quelque chose, répondit John, essayant de garder contenance.
Jack fixait les yeux de Ianto. Ce serait lui qui lui donnerait le signal. Il attendrait. Durant quelques instants, John continua de réfléchir. Comment allait-il s’en sortir cette fois ? Jack était vraiment furieux, il ne le laisserait pas simplement partir comme la fois précédente. Presque imperceptiblement, il relâcha sa prise et Ianto ferma les yeux. Jack tira, le corps de John s’affaissa. Le Capitaine se précipita vers le jeune homme qui était à nouveau pris de tremblements. En entendant le coup de feu, Owen et Tosh étaient arrivés et regardaient la scène, Ianto, nu et menotté dans les bras de Jack, John gisant mort à côté d’eux.
Le Capitaine ôta les menottes pour libérer Ianto. Celui-ci s’accrocha désespérément à sa chemise. Jack enleva son manteau pour le mettre sur les épaules du jeune homme. Ils restèrent quelques minutes à attendre que Ianto se calme.
– Je vais cherche la voiture, dit Owen, pour briser le silence.
– Tosh, va avec lui. Owen rapporte un sédatif. Il a besoin de repos.
Owen quitta rapidement le bâtiment suivi par Tosh qui s’inquiétait pour Ianto. Elle redoutait ce que pourrait découvrir Owen lorsqu’il examinerait le jeune homme.
Pendant ce temps, Jack tenait toujours Ianto, il espérait par sa présence, lui montrer qu’il pouvait maintenant se reposer, qu’il n’y avait plus rien à craindre.
– Jack, il m’a… commença Ianto, mais sa voix se brisa.
– Chut, ne dis rien, tu t’en sortiras, je serais là pour t’aider.
Il l’avait enfin appelé par son prénom, fini les
Monsieur et les
Capitaine, il avait dit Jack. Oh oui, il allait l’aider, il tenait tellement à lui. Il se doutait bien qu’il y aurait certaines difficultés, mais avec de la patience et de la tendresse, il retrouverait le Ianto qui faisait battre son cœur.
Lorsque le véhicule arriva, Jack aida le jeune homme à se relever. Il le guida au SUV et l’installa sur la banquette arrière. Owen lui injecta un sédatif et reprit sa place au volant. Jack s’étant assis avec Ianto, Tosh monta à l’avant et ils rentrèrent au Hub.
– Owen, lorsque tu auras soigné Ianto, je le ramènerais chez lui et vous irez faire le ménage à l’entrepôt, tu veux bien ?
– Bien sûr, Capitaine, répondit l’officier en coulant un regard de biais à Tosh.
Celle-ci ne disait rien, mais avait un vague sourire sur les lèvres.
– Elle doit savoir quelque chose que j’ignore, pensa Owen.
Ianto s’était endormi, la tête sur l’épaule du Capitaine. Celui-ci ne bougea pas de peur de le réveiller. Il fallait qu’il se repose. Dans son sommeil, le jeune homme s’accrocha un peu plus à la chemise de Jack. Il allait être difficile de lui faire lâcher prise. Il eut un sourire à cette pensée.
Arrivés au garage, Tosh aida Jack à sortir Ianto du véhicule. Owen était parti préparer ses instruments pour l’examen prévu. La jeune femme regarda son supérieur. Le regard de celui-ci semblait douloureux, mais une lueur dansait dans ses prunelles.
– Il tient à toi, tu le sais, j’espère, dit Tosh.
– Oui, répondit Jack un peu surpris.
– Je l’ai bien observé, je pense même qu’il t’aime, continua la jeune femme en soutenant le regard de son patron.
– Moi aussi, je l’aime, dit Jack, je vous aime tous.
– Non, Jack, je crois que tu ne m’as pas comprise. Il t’aime, avec un grand A et je pense que tu devrais te demander si ce n’est pas également ton cas. Effectivement, tu nous aimes, mais n’oublies pas une chose, il y a aimer et aimer.
Le Capitaine ne répondit rien, il réfléchissait à ces paroles. Effectivement, il aimait son équipe, mais pas comme il aimait Ianto. Mon Dieu, il venait de comprendre qu’il aimait Ianto. Mais quel idiot de ne pas s’en être rendu compte plus tôt !
Il prit le jeune homme toujours endormi dans ses bras et suivi de Tosh, il parcourut les couloirs de la base jusqu’à la baie médicale. Owen les attendait.
– Pose-le et laissez-vous.
– Merci Tosh, remonte, nous viendrons te rejoindre dès que Owen aura fini.
La jeune femme passa sa main dans les cheveux de Ianto, regarda ses deux collègues, poussa un soupir et retourna dans la salle centrale.
– Toi aussi, Jack.
– Non, je reste et de toute façon, il ne veut pas que je parte, dit-il en montrant la main toujours crispée de Ianto.
– Bien, mais le secret médical… commença Owen.
– Peu importe, je veux savoir, il aura besoin d’aide.
Le médecin commença ses examens. Durant une heure, il s’attarda sur toutes les blessures du jeune homme et soigna ses poignets où les menottes avaient arraché la peau lorsqu’il s’était débattu. Finalement, il relut rapidement ses notes et fit un résumé à Jack qui attendait patiemment, passant tendrement la main dans les cheveux de Ianto.
– Bien, pour les blessures, quelques soins et tout ira bien. Par contre, il a été violé. Et là, il aura besoin d’aide. Je pense que tu devrais demander qu’un psy s’occupe de lui. Il ne faut pas qu’il reste comme ça, il doit en parler à quelqu’un.
– Merci Owen. Je le raccompagne chez lui. Je vais voir ce que l’on peut faire. Je pense qu’il ne faut pas qu’il reste seul alors je ne reviendrais sans doute que demain. Je te tiens au courant.
Devant le regard médusé du médecin, Jack reprit Ianto dans ses bras et retourna au garage, ayant au passage demandé à Tosh de l’accompagner pour récupérer le SUV. Arrivés devant l’immeuble de Ianto, le Capitaine se tourna vers la jeune femme.
– Nous serons sans doute absents quelques jours. S’il y des problèmes, tu sais où me joindre. Faîtes le ménage dans l’entrepôt et surveillez la faille. Avec un peu de chance, elle nous laissera tranquille, le temps que Ianto reprenne pied.
– Pas de problème, occupe-toi bien de lui, il le mérite, dit Tosh en prenant place derrière le volant. Je t’appelle demain pour savoir comment il a passé la nuit.
Jack entra dans l’immeuble et se dirigea vers l’appartement de Ianto. Dans l’entrepôt, il avait récupéré ses vêtements et trouva ses clés dans une poche. Il entra, ferma la porte, se dirigea vers la chambre et le déposa sur le lit. Il fit le tour, écarta le couvre-lit et ouvrit les draps. Owen avait fait sa toilette au Hub, maintenant, il devait dormir. Il retourna le prendre dans ses bras et vint le déposer dans les draps puis le recouvrit. Dans son sommeil, Ianto gémit, mais resta calme. Le Capitaine se déshabilla et vint se coucher près de son amant.
Pendant la nuit, le jeune homme s’agita. Il semblait en proie à un cauchemar des plus désagréables. Jack le prit dans ses bras et le serra tendrement. Ianto se lova contre lui, une main sur son ventre. Il se calma et sa respiration devint plus régulière.
– Jack, souffla-t-il.
– Tout va bien, dors.
– Jack, je t’aime… et le jeune homme continua de dormir.
Le lendemain, le Capitaine se réveilla seul dans le lit. Il eut un instant de panique. Il se leva rapidement et chercha Ianto. Il finit par le retrouver, assis dans la cabine de douche sous le jet brûlant, il pleurait. Jack s’approcha doucement pour le prendre dans ses bras. Dans une réaction de défense, le jeune homme s’écarta rapidement et se colla contre la paroi.
– Calme-toi, Ianto, tout va bien, lui dit Jack avec douceur. Très bien, je ne te toucherai pas, mais ne reste pas là. Essayerais-tu de te noyer ? demanda-t-il taquin, espérant faire sourire Ianto.
Mais il resta impassible, il semblait que quelque chose s’était brisé. Il avait été souillé, il ne méritait pas de vivre. Brusquement, il se leva et voulut quitter la douche. Jack l’attrapa au passage et le serra contre lui.
– Lâchez-moi, hurla le jeune homme, essayant de se dégager.
– Non, Ianto. Tu n’as plus rien à craindre, je suis là pour te protéger.
– Me protéger ! hurla-t-il de plus belle. Il est bien temps.
Ianto était en pleine crise de nerfs. Lui d’habitude si calme, sa violence surprit le Capitaine, mais il ne le lâcha pas. Il ne devait surtout pas lui laisser l’occasion de faire une bêtise, on ne sait jamais comment peut réagir une personne dans son cas. Certaines sont abattues, d’autres suicidaires.
Lentement, il attrapa la serviette et entreprit de sécher le corps du jeune homme pris à nouveau de tremblements. Il le serra de nouveau contre lui, passant la main dans ses cheveux et sur sa nuque. Ianto avait le nez dans le cou du Capitaine et se détendait lentement.
Au bout de quelques minutes, Jack s’écarta légèrement. Ils ne pouvaient pas rester là, Ianto allait finir par attraper froid.
– Viens, lui dit-il doucement.
Il n’opposa aucune résistance et suivit docilement son supérieur jusqu’à la chambre. Le Capitaine le recoucha et se dirigea vers la cuisine pour lui préparer un café. Évidemment, il ne serait pas aussi bon que celui du Gallois, mais cela ferait l’affaire. Il revint avec les deux mugs et regarda Ianto qui avait fermé les yeux. Il semblait plus calme, mais il devait toujours se méfier, une nouvelle réaction n’était pas à exclure. Il serait patient. Il voulait que le jeune homme vienne à lui, il devait à nouveau avoir confiance. Il serait temps après de lui faire oublier cette mauvaise expérience.
Doucement, il s’approcha et passa sa main sur la joue de Ianto. Après un sursaut, celui-ci ouvrit les yeux. Une lueur de panique traversa son regard. Lorsqu’il reconnut Jack, il se détendit un peu et tendit la main pour prendre la tasse.
– Merci, souffla-t-il.
– De quoi ? demanda le Capitaine.
– Pour tout, votre patience, votre présence…
– Ianto, que puis-je faire pour toi ?
– Je ne sais pas Monsieur, je ne sais plus trop où j’en suis.
– Tu m’as appelé Jack tout à l’heure, tu t’en souviens, alors laisse tomber les
Monsieur.
– Désolé…
– Ne le sois pas, ce n’était pas de ta faute, j’aurais dû mieux te protéger. Mais maintenant, il faut que tu te reposes. On verra plus tard ce qu’il convient de faire.
Jack reprit le mug et sortit de la chambre, laissant Ianto se rendormir. Il s’installa sur le canapé et feuilleta un magazine. Puis son téléphone sonna, sur l’écran s’afficha le nom de Tosh.
– Oui Tosh.
– Salut Jack ! Comment va-t-il ?
– Le réveil a été difficile. Je crois qu’il vaut mieux le surveiller. J’ai peur qu’il fasse une bêtise. Ce matin, c’était à deux doigts.
– Comment ça ? demanda la jeune femme.
– Lorsque je me suis réveillé, il était sous la douche et brusquement, il a voulu… Enfin, je ne sais pas trop. Il était en pleine crise de nerfs. Si je n’avais pas été là, je ne sais vraiment pas ce qu’il se serait passé.
– Tu as besoin d’un coup de main, dit-elle.
– Non, pour aujourd’hui, je pense que ça devrait aller, mais éventuellement, tu pourrais passer le voir demain, j’ai un travail à faire et il ne doit pas rester seul.
– Ok, tu veux que je vienne à quelle heure ?
– 15 h, je n’en n’aurais pas pour longtemps, mais vaut mieux le surveiller.
– D’accord, alors à demain, Jack, embrasses-le pour moi, dit-elle avant de raccrocher.
Bien sûr qu’il aimerait l’embrasser, mais ce n’était pas vraiment le moment.
En fin d’après-midi, il se leva pour aller voir Ianto. Celui-ci avait toujours les yeux fermés et semblait dormir. Il s’assit sur le lit et regarda le jeune homme. Il ouvrit les yeux et posa son regard sur le Capitaine. Il y avait encore de la peur dans ses prunelles. Jack avança la main, mais au moment de le toucher, il vit Ianto se raidir et il retint son geste. Il devait se montrer patient. C’était un supplice, mais il le devait sinon il perdrait Ianto pour de bon.
– Tu as faim, demanda-t-il.
– Un peu, il y a toujours la pizza dans la cuisine.
Il fit un mouvement pour sortir du lit et Jack le retint.
– Où vas-tu ?
– Allumer le four, la pizza, c’est meilleur chaud.
Jack fut surpris par le ton taquin et sourit. Il semblait sur la bonne voie, mais il avait encore du chemin à faire avant d’être à nouveau lui-même.
– Reste là, je m’en occupe, dit le Capitaine en se levant. Les bières sont au réfrigérateur, je suppose.
– Oui et l’huile est dans le placard sous l’évier.
– L’huile ? dit Jack en levant un sourcil.
– Pour la pizza, l’huile pimentée, précisa Ianto, un sourire au lèvre.
Le Capitaine semblait avoir comprit autre chose et cela l’amusa. Jack se leva et alla préparer le repas. Il déposa les bières sur la table basse avec l’huile pimentée et attendit que la pizza soit chaude. Il avait allumé la chaîne et écoutait ce jazz que Ianto aimait tant.
Lorsque ce fut prêt, il coupa les parts et posa le plat sur la table. Puis il se rendit dans la chambre. Ianto était assis, les yeux dans le vague. Jack s’approcha et s’accroupit près de lui.
– Ianto, dit-il en lui prenant la main.
Cette fois, le jeune homme se laissa faire. Il leva les yeux vers le Capitaine et eut un sourire timide. Jack se leva, entraînant Ianto. Une fois debout, celui-ci se blottit dans ses bras. Jack le serra, passant sa main sur son dos et en remontant jusqu’à sa nuque. Le jeune homme semblait calme et ne réagissait pas.
– Viens manger, dit-il enfin.
Il ne comprenait pas sa réaction ou plutôt son manque de réaction. Décidément, il devait être prudent. Il l’entraîna dans le salon et ils s’installèrent pour manger. Jack prit sa bière et but une gorgée tout en détaillant Ianto du coin de l’œil. Celui-ci était très pâle et avait des cernes sous les yeux. Dans la chambre, la lumière tamisée avait caché cet aspect de son visage.
Ianto mangea calmement et finalement s’adossa au canapé pour se laisser envahir par ce jazz qu’il aimait. Les longues plaintes de la trompette faisaient écho au sentiment de vide qu’avait laissé en lui cette traumatisante expérience. Qu’avait-il donc fait pour mériter une telle humiliation ? Il ne pourrait jamais s’en remettre. Peu importe ce que disait le Capitaine, il n’était plus rien. Jack l’avait pris en pitié, c’est pour cela qu’il restait, il voulait soulager sa conscience et c’est tout.
Il leva les yeux et regarda le Capitaine qui l’observait depuis quelques minutes. Jack pensa qu’il avait ce regard qu’ont les enfants perdus. Son si beau regard était empli de tristesse et de désespoir. Hier soir, il lui avait dit qu’il l’aimait, mais s’en souvenait-il ? Tosh lui avait fait comprendre, que ce qu’il prenait pour une simple fraternité était en fait de l’amour, mais comment le dire à Ianto aujourd’hui. Après ce qui s’était passé, il aurait du mal à le croire.
– Ianto, dit-il enfin.
– Oui.
– Je crois que nous devrions parler de ce que tu m’as dit hier.
Le jeune homme le regarda, d’un air étonné.
– Et j’ai dit quoi ?
– Lorsque je t’ai couché, tu es venu contre moi et tu m’as dit que tu m’aimais.
– Oh, alors je devais vraiment être mal-en-point, dit-il en soutenant le regard du Capitaine.
Il ne voulait pas de sa pitié et il ferait tout pour qu’il le comprenne. Jack le jaugea quelques instants. Ainsi, il avait raison, il ne s’en souvenait plus. Il hésita, s’il lui faisait part ses sentiments, Ianto ne le croirait pas. Il penserait que c’était de la pitié, un moyen pour lui de se faire pardonner. Jack poussa un soupir et se leva. Le jeune homme le suivit des yeux alors qu’il entrait dans la chambre. Il en revint quelques instants plus tard, portant un oreiller et une couverture.
– Je vais dormir ici ce soir, je ne voudrais pas que tu te méprennes sur mes intentions, lui dit-il.
Il y avait de la douleur dans sa voix, mais il préférait encore l’indifférence à l’absence. Ianto se leva et rapporta le plat et les bouteilles à la cuisine.
– Café, lança-t-il de la porte.
– Ce serait avec plaisir, mais ne te sens pas obligé.
– J’ai dû lui faire mal, pensa Ianto en préparant les tasses.
– Au fait, Ianto, demain, je dois m’absenter, mais Tosh viendra vers 15 h pour te tenir compagnie. Elle a téléphoné pour prendre de tes nouvelles. Je pense qu’elle sera contente de te voir sur pied.
Ainsi, il ne voulait pas qu’il reste seul et lui avait même trouvé une baby-sitter. De mieux en mieux. Il rapporta le café et déposa la tasse devant le Capitaine. Celui-ci la prit et se dirigea vers la terrasse. Il appréciait le calme de la nuit et les lumières qui scintillaient sur la baie.
Ianto retourna se coucher. Il avait envie de se retrouver seul. Il ferma la porte et laissa Jack, seul dans le salon. Celui-ci s’allongea et fixa le plafond, incapable de trouver le sommeil.
Durant la nuit, il entendit des gémissements. Sans faire de bruit, il s’approcha de la chambre de Ianto et écouta. Le jeune homme semblait agité et Jack décida d’entrer. En arrivant près du lit, il vit son visage crispé. Il se débattait de plus en plus et finalement se mit à hurler en se redressant. Jack s’assit et le prit contre lui. Il le berça comme on berce un enfant, lui parlant doucement. Peu importe ce qu’il lui disait, il devait juste entendre sa voix. Ianto finit par se calmer et se détendit. Jack le rallongea et hésita, devait-il le laisser ou rester près de lui ? Finalement, il se coucha à côté du jeune homme, mais sur les couvertures. Ianto se tourna et vint se blottir contre lui. Il l’entoura de ses bras et ne bougea plus.
Le lendemain, Jack se leva doucement et quitta la chambre. Il laissa Ianto dormir paisiblement. Il alla se préparer du café et s’installa sur la terrasse. L’air était frais et vivifiant. Vers midi, il retourna voir Ianto. Celui-ci dormait toujours, cela ne pouvait lui fait que du bien. Il téléphona au chinois du coin et se fit livrer un repas pour deux. Lorsque le jeune homme se réveilla enfin, Jack avait préparé la table et attendait pour réchauffer les plats.
– J’ai commandé chinois pour changer. Viens t’installer, lui dit-il.
– Merci. Bien dormi ?
– Pas vraiment et toi ?
– Très bien, j’ai même rêvé que j’étais dans tes bras.
Jack releva la tête, Ianto venait de le tutoyer. Il croisa son regard, mais ne dit rien.
– En fait, cette nuit, tu as fait un cauchemar et je suis venu te calmer. Je me suis allongé sur les couvertures et tu t’es blotti contre moi. Mais il ne s’est rien passé, dit-il précipitamment. Tu ne sembles pas te rappeler de tout, donc je ne veux pas qu’il y ait de doute dans ton esprit.
Vers 15 h, la sonnerie de la porte d’entrée retentit. Jack alla ouvrir et Tosh entra, un sourire aux lèvres.
– Ça va vous deux ? lança-t-elle.
Devant le silence des deux hommes, elle se figea. Il semblait y avoir un malaise.
– Comment vas-tu Ianto ?
– Bien, très bien, répondit ce dernier. Un café ?
– Oh oui, répondit-elle visiblement ravie.
Ianto se dirigea vers la cuisine, laissant ses deux collègues dans le salon.
– Jack, que se passe-t-il ?
– Rien.
– Lui as-tu parlé ?
– Oui, mais il semble ne pas se souvenir de certaines de ses paroles. J’ai préféré ne rien dire. Il pourrait le prendre pour de la pitié. Si j’avais cédé à John, il ne lui aurait pas fait de mal.
– Tu n’y peux rien, mais Ianto a besoin de toi, tout comme tu as besoin de lui. Je t’en prie, Jack, il faut que tu lui dises que tu l’aimes ou tu vas le perdre. Tu dois être sincère avec lui.
– Il ne veut plus que je le touche. Je le comprend, je peux être patient, mais…
Jack se tut, il souffrait. Cet amour qu’il devait cacher était en train de le ronger.
– Je dois y aller, dit le Capitaine. Dis-lui que je n’en ai pas pour longtemps.
– Ok, ne t’en fais pas, ça va bien se passer, répondit Tosh.
Puis il quitta l’appartement. Il prit le SUV que la jeune femme avait pris pour venir et se dirigea vers le centre de Cardiff.
Ianto, tout en préparant le café, avait écouté la conversation. Ainsi, le Capitaine l’aimait vraiment. Il devait lui dire que ses sentiments étaient partagés. Il espérait qu’il ne serait pas trop tard.
Il apporta la tasse à Tosh et lui demanda des nouvelles de Owen et de Gwen. Il fut surpris quand la jeune femme lui dit que Jack avait accepté la démission de sa collègue et lui avait donné du Retcon pour effacer Torchwood de sa mémoire. Rhys était venu chercher sa femme et ils étaient partis.
Owen, quant à lui, ne sortait plus de son labo, il semblait mal vivre la relation que Jack avait avec lui. Ianto la regarda un peu surpris.
– Comment ça ma relation que j’ai avec Jack ? demanda-t-il.
– Et bien, vous avez été discrets, mais il y a des signes qui ne trompent pas. Owen n’avait jamais été laissé sur la touche et il n’a pas vraiment apprécié que Jack veuille te nommer au grade d’officier.
– Il veut se faire pardonner ce qu’il s’est passé, lâcha Ianto.
– Comment peux-tu dire une chose pareille, s’insurgea-t-elle. Il avait pris sa décision la semaine dernière et il me semble qu’à ce moment-là, il ne s’était encore rien passé entre vous, je me trompe ?
Elle avait raison. Ils n’avaient franchi le pas que depuis trois jours, donc cette promotion, il ne la devait finalement qu’à son travail.
– Ianto, tu n’es qu’un idiot, se dit-il.
Cela fait deux fois que tu te trompes sur les intentions de Jack.Devant son silence, Tosh lui mit la main sur le bras.
– Ne t’en fais pas, il a dit qu’il serait patient. Maintenant, à toi de faire le premier pas. Lui, ne le fera pas, il a trop peur que tu le rejettes.
– Merci Tosh.
– De rien, dit-elle avec un sourire. Ça sert à ça les amis.
Jack revint une heure plus tard. Il semblait satisfait. En entrant, il remarqua que Ianto semblait plus détendu et plaisantait avec Tosh.
– Bien, je vais vous laisser, dit-elle en voyant Jack arriver.
– Tu restes dîner ? demanda Ianto.
– Non, merci. J’ai des courses à faire. Mais profitez-en pour parler ! dit-elle avec un petit sourire malicieux. Et toi, sois patient, dit-elle doucement à Jack en passant près de lui. Patient et compréhensif et tout ira bien.
Elle prit son blouson et sortit de l’appartement en fermant la porte.
Jack était toujours dans l’entrée, son manteau sur le dos. Il n’avait pas bougé et regardait Ianto. Celui-ci s’approcha de lui et doucement se blottit contre sa poitrine.
– Je te demande pardon, dit-il en levant les yeux vers le Capitaine.
– Pardon pour quoi, Ianto, dit-il, ayant noté le tutoiement.
– Je pensais que je te faisais pitié et que c’était la raison pour laquelle tu restais près de moi.
– Mon Dieu, Ianto, si tu savais !
– Je sais, Jack, je sais.
Lentement, il fit glisser le manteau qui tomba à terre et entraîna le Capitaine dans la chambre. Il était prêt, il voulait qu’il efface les horreurs que John lui avait fait subir.
– Je vais prendre une douche, si tu veux bien, lui dit Jack. J’en ai besoin, les bureaucrates m’ont épuisé.
Devant le regard surpris de Ianto, il continua :
– Longue histoire…
– Oui, bien sûr, comme d’habitude, répondit Ianto, souriant.
Jack se rendit dans la salle de bain et entra dans la douche. Il se détendit quelques instants sous le jet d’eau chaude, les yeux fermés, délassant ses muscles. Ces deux derniers jours avaient été intenses et il se sentait fatigué. Une douce caresse l’incita à ouvrir les yeux, Ianto était près de lui et laissait courir ses doigts le long de son dos. Il se retourna et se perdit dans le regard du jeune homme. Jack ne bougeait pas. Il ne savait pas s’il devait prendre l’initiative, il ne voulait pas l’effrayer. Ianto s’avança et déposa un léger baiser sur les lèvres du Capitaine, lui montrant ainsi qu’il était prêt à aller plus avant.
Jack le prit dans ses bras et approfondit le baiser, sa langue franchissant la barrière des lèvres de Ianto. Le baiser se fit plus passionné. Il quitta sa bouche pour descendre le long de son cou. Le jeune homme, le dos contre la cabine, répondait à toutes les sollicitations. Des gerbes d’étincelles explosaient au creux de ses reins, le désir montant progressivement. En trois jours, il avait été au paradis, en enfer et il revenait enfin au paradis. Il se perdit dans les caresses du Capitaine. Il descendit sa main le long des hanches de son partenaire et remonta en passant par son entrejambe. Le sexe de Jack montrait déjà à quel point il le désirait.
Lentement, Ianto s’échappa des bras du Capitaine pour descendre vers cette gourmandise qui l’attendait. D’abord surpris, Jack le laissa faire. Lorsque son amant le prit en bouche, il laissa échapper un râle de plaisir et se cambra, s’appuyant à son tour contre la cabine. Le lent mouvement de va-et-vient faisait monter le feu au creux de ses reins. Ianto le caressait, titillant le gland, passant sa main sur les testicules. Il voulut l’arrêter, mais son amant s’y opposa. Il continua, sentant que son partenaire était au bord de la jouissance. Jack n’en pouvait plus, finalement, il lui fut impossible de se maîtriser plus longtemps et se libéra dans la bouche du jeune homme.
Ianto se releva et regarda le Capitaine, un sourire sur les lèvres. Jack l’embrassa, goûtant sa propre semence. Puis doucement, il sortit de la douche, entraînant le jeune homme avec lui. Il l’allongea sur le lit et commença à promener sa bouche sur ce corps qui l’enflammait. Dieu que ces deux derniers jours avaient été un supplice. L’avoir près de lui, mais ne pas pouvoir le toucher.
Ianto se tendait comme un arc sous les caresses expertes du Capitaine. Le jeune homme gémissait, recherchant le contact avec le corps de son partenaire. Jack se faisait doux, mais également inquisiteur. Il prit le sexe fièrement dressé de Ianto et passa sa langue sur toute sa longueur, arrachant des râles à son compagnon. Son amant était près de jouir, le Capitaine s’arrêta et le regarda. Ianto fut surpris par cette suspension de caresses et ouvrit les yeux. Il lisait maintenant de l’amour dans les yeux azur qui le détaillaient. Tosh avait raison, Jack l’aimait vraiment.
– Je t’aime, Jack, dit-il doucement.
– Je sais, répondit-il, tu me l’as déjà dit. Mais cette fois, en es-tu sûr ?
– Oui Jack et la dernière fois aussi.
Jack leva un sourcil.
– Tu m’avais dit que tu ne t’en souvenais pas !
– Je t’en voulais, je croyais que je te faisais pitié et que c’était pour cela que tu restais.
– Ianto, tu ne m’as jamais fait pitié, c’est à moi que j’en voulais, je n’avais pas su te protéger et par ma faute, tu as souffert.
Ianto lui mit un doigt sur la bouche, lui intimant l’ordre silencieux de se taire et l’attira à lui. Ils s’embrassèrent de nouveau, il fallait qu’ils ne fassent plus qu’un. Ils le souhaitaient plus que tout. Jack reprit ses caresses et lentement s’approcha de l’intimité de son amant. Il voulait le posséder, mais il était un peu inquiet. Après ce que lui avait fait subir John, il devait se montrer prudent. Pourtant, Ianto le laissa faire, alors il s’enhardit et introduisit un doigt dans son intimité, lentement, tendrement, en continuant à le couvrir de baisers, sur le torse, puis sur le bas-ventre et enfin sur son sexe. Ianto se cambra, acceptant les caresses et l’intrusion. Jack plaça un second doigt, puis un troisième et continua ses baisers.
– Viens, prends-moi, souffla Ianto au bout de quelques minutes.
Jack le regarda tendrement et s’enduisit le sexe de lubrifiant. Ianto aurait droit à la douceur jusqu’au bout. Le jeune homme remonta les jambes pour faciliter la pénétration et Jack vint buter sur cette entrée accueillante. Avec une infinie douceur, il entra et commença un lent va-et-vient de plus en plus profond, laissant à Ianto le temps de se détendre. Son amant laissait échapper des râles de plaisir et Jack sentait qu’il allait bientôt atteindre le paroxysme. Il prit son sexe et calqua les mouvements de sa main à ceux de ses hanches. Tous deux explosèrent en même temps, Ianto dans la main du Capitaine et Jack dans l’intimité de son amant.
Jack resta encore quelques instants à savourer ce moment. Le corps en sueur, Ianto semblait heureux. Jack avait retrouvé son Gallois et cette fois, il le protègerait.
Lentement, il se retira et s’allongea, le jeune homme vint se lover tout contre lui, soupirant de bonheur.
– Au fait, Ianto, je n’ai pas été honnête avec toi.
Le jeune homme se raidit. Il lui avait menti, il ne voulait que le remettre dans son lit. Sentant son amant contrarié, Jack se redressa et le regarda tendrement.
– J’ai oublié de te dire que je t’aime.
Le cœur de Ianto fit un bond. Son Capitaine l’aimait, Tosh avait raison. Il tourna les yeux et rencontra le regard pétillant de Jack.
– Oui, officier Jones, je t’aime.
Et devant son regard interrogateur, il fouilla dans la poche de sa chemise restée à terre et sortit une carte. Il avait officiellement été promu officier de Torchwood. Maintenant, il pourrait accompagner Jack sur toutes les interventions.
– Merci, dit-il doucement en prenant la carte.
– Merci, mais de quoi, répondit Jack.
– D’être ce que tu es, dit-il doucement.
– Déjà entendu, soupira le Capitaine.
Oui, déjà entendu, mais maintenant, il savait que Jack l’aimait, il resterait près de lui aussi longtemps qu’il vivrait et il comptait bien en profiter.